À chaque visite du château de Blois, je ne peux m’empêcher de contempler ce portrait d’Antonietta Gonzales réalisé par Lavinia Fontana en 1583. La caractéristique la plus saisissante de ce portrait est bien évidemment l’aspect velu d’Antonietta. Ma première interrogation fut la suivante : est-ce un personnage imaginaire ou une réelle personne ? Et bien figurez-vous qu’Antonietta a bien existé.

Sa famille, les Gonzales, étaient célèbres dans les cours européennes de la Renaissance. Célèbres par leur apparence velue causée par une maladie génétique rare liée à un dérèglement hormonal : l’hypertrichose universelle. Cette maladie se traduit par une pilosité excessive de presque toutes les parties du corps à l’exception des paumes et des plantes des pieds. Depuis le XVIe siècle, moins de cinquante cas ont été répertoriés dans le monde !
Ici, Antonietta arbore une élégante robe et une coiffure montrant qu’elle est familière des cours de la Renaissance. Elle nous présente une lettre révélant son identité et notamment l’histoire de son père.
« Don Pietro, homme sauvage découvert aux îles Canaries, fut offert en cadeau à Son Altesse Sérénissime Henri roi de France, puis de là fut offert à Son Excellence le duc de Parme. Moi, Antonietta, je viens de là et je vis aujourd’hui tout près, à la cour de madame Isabella Pallavicina, honorable marquise de Soragna. »
LA FAMILLE GONZALES

Remontons en 1556, année de naissance de Pedro Gonzales dans les îles Canaries. Il est le premier cas d’hypertrichose étudié et peint au XVIe siècle. Très jeune, Pedro a été offert en cadeau à la cour d’Henri II et de Catherine de Médicis. Le roi devient son protecteur et lui donne une excellente éducation. Il en fait même un de ses plus importants ambassadeurs. C’est ainsi qu’il parcourut de nombreuses cours d’Europe et s’exhiba avec ses enfants comme “curiosités de la nature”. Suite à son mariage avec Catherine Raffelin, il aura sept enfants dont trois enfants atteints d’hypertrichose universelle (Tognina, Antonietta et Horatio).

Plusieurs artistes et scientifiques se sont intéressés aux Gonzales et ont évoqué leur apparence. C’est le cas en 1592, du médecin Aldrovandi qui les examine et les décrit dans son ouvrage illustré “Monstrorum historia“. On parlera souvent d’eux comme des monstruosités de la nature, des animaux : filles à tête de chien, loup-garou, etc. Ils n’en sont pas moins des courtisans et des dames de la Renaissance !
Aujourd’hui encore, l’histoire des Gonzales continue de fasciner. Figurez-vous que Pedro Gonzales aurait inspiré le personnage de la Bête dans “La Belle et la Bête“.
Vous pouvez contempler le portrait d’Antonietta Gonzales dans la chambre du Roi, au château royal de Blois.
⇨ EN SAVOIR + : www.chateaudeblois.fr
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