Graphic Armada : la typographie au cœur de la création
Dans le quartier des Arts à Blois, se trouve l’atelier de Frédéric Chailleux, un graphiste pas tout à fait comme les autres. Il suffit de pousser les portes pour comprendre. Les murs de briques sont ornés d’affiches de collection à la typographie variée, des caractères en bois et plomb de toutes les tailles sont posés ici et là. Mais ce qui attire de suite l’œil sont les anciennes presses à imprimer, de précieux trésors âgés de plus d’un siècle. Vous l’aurez compris, Frédéric est un amoureux de la typographie qui est le fil conducteur de son travail. Graphiste et enseignant à l’Ecole d’art et de design de Blois (école ETIC), cela fait cinq ans que Frédéric a mis au cœur de son atelier ces presses avec lesquelles il réalise de magnifiques compositions graphiques.
Comment fonctionnent ces presses ?
J’utilise des caractères en bois ou en plomb avec plusieurs tailles. Les plus petites permettaient de faire du texte long. On vient les poser dans la presse, qui est une presse à épreuve. À l’époque, on s’en servait pour les journaux principalement. Ils mettaient une composition et une page de journal, l’imprimaient, la retourner puis ils corrigeaient les fautes. C’était une presse facile, à main, qui n’engageait pas beaucoup de mécanisme et de tirage contrairement aux grosses presses de l’époque. On place toujours la composition à l’envers, sur la presse, et à l’aide d’un rouleau, on encre les lettres. On met la feuille et on presse.
Découvrez le processus de fabrication en vidéo :
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Pourquoi avoir choisi la typographie ?
Je dis souvent « Ce n’est pas moi qui ai choisi la typo, c’est elle qui m’a choisi. » C’est arrivé comme ça. Je ne vais pas dire par hasard, car je ne crois pas aux hasards. Ma sœur a travaillé dans une boutique à côté, quartier des Arts, il y a quelques années et il y avait cette presse. La personne qui tenait cette boutique a demandé à ma sœur si elle voulait la récupérer, car elle ne savait pas quoi en faire. Comme c’est très lourd et que j’habitais à proximité, elle m’a simplement demandé si je pouvais lui garder la presse. Je l’ai stocké et un jour, après plusieurs années, je l’ai sorti. J’avais de quoi faire, j’avais des caractères et j’ai acheté un petit peu d’encre. Ça m’a plu et je suis devenu un peu « addict » à ce type de production. C’est un rapport très particulier à l’objet, à la composition. Je suis graphiste, c’est mon métier. Dans le graphisme, on travaille avec la typographie, avec les lettres, la composition. C’est ma spécialité en terme de graphisme. Je travaille beaucoup dans le print et finalement, c’est assez proche. J’avoue que de manipuler ces objets qui ont vraiment une histoire, c’est particulier. Il y a quelque chose d’un peu sacré. J’aime bien cette simplicité qu’il y a dans la composition qui aujourd’hui, s’est un peu perdu avec tout ce qu’on trouve dans le numérique. Et je suis content de dire que je fais des affiches uniquement à la main dans lesquelles il n’y aucun apport du numérique.
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Photographies : François Christophe et Frédéric Chailleux
Instagram : @graphic_armada
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