Devenir traces : Jérôme Zonder s’expose au château de Chambord

Exposition Devenir traces au château de Chambord du 10 juin au 30 septembre 2018

Depuis le 10 avril, le deuxième étage du château de Chambord présente une nouvelle apparence à ses visiteurs. La blancheur habituelle du tuffeau laisse place au noir. Le noir du fusain et de la mine de plomb cher à l’artiste Jérôme Zonder, l’un des meilleurs dessinateurs d’aujourd’hui. Un contraste saisissant, stupéfiant.

Fin mai, nous sommes à Chambord pour découvrir les coulisses de la nouvelle exposition et suivre le montage. Zonder s’active ! Nous apercevons, au loin, son épaisse tignasse noire si caractéristique. Dos au célèbre escalier à double révolution du château, nous contemplons une toile monumentale où des zombies affamés tentent de s’échapper. Une référence à la série The Walking Dead ? Devenir traces fait partie de ces expositions qui vous marquent, que vous le souhaitez ou non. Elle laisse une emprunte indélébile. En contemplant les dessins réalistes ou suggestifs, on ressent toute la virtuosité et l’intelligence critique de Zonder. Le travail qu’il produit à partir de ces images réintroduit une dimension à la fois organique et temporelle qui les transforment et les soumet à un retour critique. Zonder dresse le portrait d’une époque en mutation, qui se trouve au seuil d’un cataclysme sans doute aussi décisif que celui qui a été à l’origine de la Renaissance : un moment de révolution industrielle aujourd’hui marqué par l’intelligence artificielle et la nanotechnologie.

Devenir traces, c’est plus de 130 œuvres exposées dont près de la moitié produites pour l’occasion. Parmi les dessins de Zonder, une forêt monumentale et mystérieuse de 30 mètres sur laquelle sont accrochés Les fruits de l’histoire, 89 dessins de formats similaires. La forêt de Zonder est assurément un clin d’œil à la forêt de Chambord. Elle envahit l’espace et piège le spectateur dans un espace parfois inquiétant. Elle est le fil conducteur. Elle nous embarque vers une traversée du temps assurée par les dessins. Preuve encore que Zonder s’inspire de l’espace avec sa galerie des Blessés : une galerie de portraits comme celle que nous pouvions admirer autrefois dans les châteaux et demeures aristocratiques. Elle révèle l’une des fonctions traditionnelles de l’art : sauver de l’oubli les personnages ou évènements qu’elle met en scène.

Essentiellement fondée sur notre rapport à l’histoire, l’œuvre de Zonder est chez elle à Chambord, dans ce lieu du patrimoine superposant les couches temporelles. Chambord fut dès l’origine dédié aux arts. Depuis sa construction par François Ier, de nombreux artistes sont venus participer aux fêtes de cour ou aux divertissements donnés par le roi. Cette tradition ne s’est pas démentie par la suite avec les nombreux souverains et personnalités qui ont marqué le site de leur passage. Fidèle à cette tradition artistique, le domaine national de Chambord a mis en place depuis 2010 une programmation culturelle ambitieuse dont les trois grands axes reprennent les trois champs culturels majeurs de la Renaissance : le texte, la musique, les beaux-arts auxquels s’ajoutent le théâtre et la danse. À Chambord, l’histoire et l’art interagissent.

Après l’exposition Georges Pompidou et l’art, une aventure du regard, organisée l’été dernier dans le cadre des 40 ans du Centre Pompidou, Chambord renoue avec les expositions monographiques. Des expositions qui l’ont imposé comme l’un des lieux patrimoniaux les plus dynamiques dans le champ de l’art contemporain cette dernière décennie. Une association patrimoine et art contemporain réussie et qui séduit de plus en plus de visiteurs chaque année.

POURQUOI DE L’ART CONTEMPORAIN À CHAMBORD ?

Il est important qu’un monument vive avec son temps et un monument est nécessairement dans son temps. C’est un fantasme, une erreur et un danger de penser que les monuments sont purs. De dire qu’ils ont été construits à un moment et qu’ils sont arrivés intouchés jusqu’à nous. C’est impossible ! Et de toute manière, même si ça l’était, la perception qu’on a d’un monument est liée à notre époque. On ne voit pas un monument au XXIe siècle comme on le percevait au XIXe ou au XIIe siècle. Ça me semble important de l’intégrer et de pouvoir tenter un dialogue entre le monument et l’art contemporain. Je choisis certains artistes car je pense qu’ils peuvent permettre ce dialogue. Mettre l’art contemporain dans un monument visité par un million de personnes, c’est l’exposer un peu plus aux regards. C’est essayer de le faire sortir des lieux dans lequel parfois il peut se complaire.

Yannick MERCOYROL, directeur de la programmation culturelle du domaine, répond à cette question.

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Photographies : François Christophe

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INFORMATIONS PRATIQUES

Exposition Devenir traces à découvrir jusqu’au 30 septembre 2018

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Jours d’ouverture et horaires

Le château est ouvert toute l’année, sauf les 1er janvier et 25 décembre

  • Haute saison, d’avril à octobre : 9h-18h
  • Basse saison, de novembre à mars : 9h-17h

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Tarifs

Entrée à l’exposition inclus dans le billet d’entrée du monument.

  • Plein tarif : 14€50
  • Tarif réduit : 12€
  • Entrée gratuite pour les – de 25 ans ressortissants de l’UE

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Château de Chambord

Office de tourisme Blois-Chambord

Tourisme en Loir-et-Cher

Élodie Filleul

Avec Ô Mon Château, vous allez aimer les vieilles pierres ! Je suis Elodie et je partage avec vous mes découvertes et coups de cœur patrimoniaux, ainsi que mes rencontres avec des artisans. 👀

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